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rêverait pas même dans le délire. Jusqu’à présent ce ne sont que des précipices sur précipices, des gorges impénétrables, des pics qui se perdent dans la lune… Mais qu’en restera-t-il donc ? Que restera-t-il au touriste et sur quoi pourra-t’il mettre pied, s’il ne trouve en arrivant que des précipices qui s’entassent, des gorges où l’on ne pénètre pas et des pics qui se logent au firmament ? D’autres, heureusement, que l’auteur de l’Album ont découvert que la Malbaie ne renferme que des montagnes très-ordinaires, qui ne se perdent nulle part et n’ont aucune prétention à escalader les nues.

« Une nature byronienne, entassée dans le nord, loin des sentiers de l’homme civilisé… » Allons, voilà que la Malbaie n’est plus même un lieu quelconque, qui existe réellement, malgré les formes fantastiques dont on la revêt, c’est une nature et une nature loin des sentiers de l’homme civilisé ! Mais alors, comment y arrivez-vous donc à cette Malbaie, s’il n’y a même pas de sentiers qui y mènent ? Comment avez-vous pu pénétrer, vous, M. J. M. LeMoine, jusqu’à cette nature entassée dans le nord ? Y êtes-vous arrivé par les gorges impénétrables, ou bien l’aigle de Jupiter vous a-t-il porté de pic en pic perdu jusqu’à cet énorme paquet septentrional ?… Dire que cet entassement de cataclysmes, effroyable comme le chaos, est tout simplement le chef-lieu d’un comté ! Qui ne comprendrait que l’influence indue doive avoir beau jeu dans un endroit pareil ?