Page:Buies - Petites chroniques pour 1877, 1878.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 73 —

voyageur qu’une affaire pressante rappelait à la ville et de l’obliger, par conséquent, à attendre le retour du bateau. Aujourd’hui il peut traverser tous les matins à huit heures, s’il le veut, au quai de St. Denis, d’où il gagnera le Grand Tronc qui le mènera trois fois par jour dans la direction qu’il lui plaira. Le samedi, il traversera deux fois, car, ce jour là, le Rival, tel est le nom du bateau loué par le département des postes, fait deux voyages ; la traversée est de quatorze milles et se fait exactement en cinquante-cinq minutes.

Un autre désavantage de la Malbaie, c’est qu’il est à peu près impossible d’aller en voiture aux paroisses voisines, soit en descendant, soit en remontant le fleuve, à moins de se résigner à se faire broyer les os et à revenir en capilotade. Les côtes de ce pays sont effrayantes et on ne s’y hasarde, la conscience tranquille, que lorsqu’on est candidat libéral ou qu’on porte des pilules aux malades. Cependant, l’intérieur est fort praticable, quoiqu’il y ait aussi des montées et des descentes ; mais elles ont un caractère humain, et le paysage qui les environne, avec son cadre de montagnes de toutes les hauteurs et de toutes les formes, est si beau, si varié, si abondant en aspects pittoresques ou saisissants, qu’il n’est pas de promenades plus connues par les touristes que celles qui mènent aux chutes Fraser, au Trou, au Grand Ruisseau et au Grand Lac, endroits situés à une distance variant de quatre à dix milles de la Pointe-à-Pic. Et combien d’autres lacs plus éloignés, à quinze, dix-huit