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Les routes et les chemins sont comme les artères et les veines, par où s’écoule le sang ; sans la circulation pas de vie possible ; le corps devient inerte et paralysé ; de même, sans les communications, l’agriculture s’étiole et meurt ; les cultivateurs désertent en foule ; non seulement ils se voient incapables de retirer le moindre profit de leurs terres, mais ils perdent jusqu’à l’espérance, qui est leur dernier appui et leur consolation suprême.

Aussi n’ai-je pas la moindre crainte d’affirmer hautement que c’est par suite de l’absence ou de l’insuffisance des communications et d’une sollicitude réelle, efficace, diligemment et soigneusement appliquée à la colonisation que nous avons souffert, depuis tant d’années, de la plaie sans cesse grandissante de l’émigration. Quand on constate, comme je viens de le faire, les ravages profonds de cette plaie, dans de jeunes comtés comme celui de Matane, où tout invite l’enfant à rester sur le sol de ses pères, on reste comme frappé de stupeur, à l’idée de l’inintelligence en quelque sorte contagieuse et de l’incurie des gouvernements qui ont précédé le vôtre.

C’est là, monsieur le Premier, la considération non seulement matérielle, mais surtout morale sur laquelle je veux insister dans le présent rapport.