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Le chemin de fer

ouvrage assez récent : « Le Saint-Laurent coule du sud-ouest au nord-est, et reçoit dans son cours un grand nombre de rivières dont les eaux viennent du midi ; il se gonfle donc au printemps plusieurs jours avant que les glaces et les neiges du Nord commencent à fondre. Son niveau devient supérieur à celui du Saint-Maurice, et alors, jusqu’à plusieurs milles en remontant cette dernière rivière, il n’y a plus de courant ; la glace y reste immobile et se fond d’abord par la chaleur du soleil, et ensuite par le rayonnement des terres sur le rivage. D’un autre côté, les glaces du nord ne bronchent pas pour venir pousser celles de l’embouchure, parce que la température est encore trop froide là où elles sont. Et quand ces glaces ont enfin commencé à se fondre, quand elles pourraient venir faire des ravages, elles sont broyées dans les chutes de La Tuque et de Grand’Mère, dans la cataracte de Shawenegane et dans les nombreux rapides échelonnés à courte distance sur tout le Saint-Maurice. »

Cette rivière n’est pas navigable, si ce n’est par intervalles inégaux et, cela encore, dans des conditions particulières seulement. Depuis son embouchure jusqu’aux Grandes Piles, dix lieues plus haut, les chutes de Shawenegane, des Grès, de la Grand’Mère et des Piles forment, des obstacles insurmontables. À partir des Piles jusqu’à La Tuque, distance de 70 milles, on ne rencontre que quelques rapides, comme ceux de Manigonse, de la Cuisse, etc., qui gênent la navigation sans l’interrompre,