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Le chemin de fer

du chemin de fer n’y est pour rien : espérons que les pêcheurs sauront respecter cette distribution de la nature et ne s’amuseront pas à jeter une confusion inutile parmi les poissons des lacs, peut-être plus soucieux que les hommes de garder leurs couleurs.


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J’ai dit que les lacs qui bordent le parcours de la ligne regorgent de poisson. Ces lacs fournissent en effet chaque semaine des milliers de livres de truite, dont une bonne partie vient sur nos marchés. On devrait en régulariser des expéditions vers les grands centres des États-Unis, là où la truite est un poisson de luxe et vaut cinq fois le prix que nous en donnons. En attendant, un assez bon nombre de familles de journaliers de la ville vont camper sur les bords de ces lacs, pendant l’hiver, et y trouvent, dans la pêche seule, une subsistance suffisante.

Mais, d’un autre côté, il se fait là un véritable ravage et une dépopulation des lacs auxquels il faut que le gouvernement mette un frein, en les affermant tous, sans miséricorde, et en élevant d’année en année le prix de location, ce qui lui donnerait avant longtemps un revenu digne de figurer dans le budget ; il pourrait en consacrer une partie à augmenter le salaire des fonctionnaires irréprochables, une autre à payer les frais d’imprimeur des écrivains canadiens qui font connaître les régions nou-