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du Lac Saint-Jean

La colonie de la Mékinac ne date que de quelques années. Le premier qui s’y porta fut un riche cultivateur de Trois-Rivières, nommé Joseph Gagnon, qui cherchait à établir ses enfants sur des terres nouvelles. Son exemple fut promptement suivi par d’autres, et bientôt il y eut une quarantaine de lots mis en culture. Peu de temps après un autre citoyen, nommé Doucet, érigeait une scierie au pied d’une cascade de deux cent cinquante pieds de hauteur, distribuée sur un parcours d’un demi-mille, que forme la rivière à la Truite, en débouchant dans la Mékinac. Les colons de la Mékinac et de tout le haut Saint-Maurice ne furent plus dès lors obligés de se rendre jusqu’aux Piles pour se procurer leur bois de construction.

Le pouvoir hydraulique formé par la cascade de la rivière à la Truite est un des plus puissants qu’il y ait dans cette partie de la province ; il pourrait actionner aisément une vingtaine de manufactures de toute sorte, sans frais de barrages ni de digues ; il n’y aurait qu’à les échelonner sur les larges gradins qui bordent la cascade de chaque côté. Aujourd’hui il suffit, pour mettre en mouvement la scierie Doucet, d’une simple dalle, de cinquante pieds de long, qui prend l’eau de la cascade et la conduit sur les turbines. Celles-ci reçoivent de la sorte, et pour ainsi dire gratuitement, une force motrice illimitée.

Afin de faire un extrême plaisir au lecteur donnons-lui, avant de quitter la Mékinac, l’étymologie de ce nom. Il vient d’un mot algonquin qui veut dire « tortue »,