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se rendait jusqu’à deux cents milles au nord-ouest du lac Saint-Jean, plus loin qu’aucun arpenteur moderne ne l’a fait encore, et dressait de toute cette région la carte la plus fidèle et la plus détaillée que nous possédions encore aujourd’hui. De cette carte il n’existe, croyons-nous, qu’un seul exemplaire dans tout le pays ; nous la devons à M. P. L. Morin, qui en a fait une copie, ainsi que du rapport qui l’accompagne, au bureau des Archives de la marine française. Cette copie est conservée au département des Terres Publiques, sous la protection vigilante de M. Genest, l’auteur de la carte de la Nouvelle-France. Nous avons trouvé en elle, non seulement un guide sûr, mais encore, ce qui ne manque pas de prix, l’orthographe authentique et officielle des noms sauvages, noms qui ont été défigurés dans tous les écrits modernes de la manière la plus arbitraire et la plus capricieuse. Sur cette carte de Normandin on peut voir, à 189 milles au nord-ouest du lac, l’indication de l’établissement d’un M. Peltier qui se dresse inopinément au milieu de la solitude, et dont l’apparition fait naître toute espèce de suppositions fantastiques. Qu’était-ce que ce M. Peltier qui vivait ainsi seul dans ce lointain presque inaccessible, et quels desseins étranges y pouvait-il nourrir ? Était-ce un coureur des bois, un philosophe ou un ermite ? Aucune tradition ne nous éclaire à ce sujet : contentons-nous d’admirer l’audace et le courage d’un homme qui pouvait vivre absolument seul dans un pareil exil, entouré de tous les dangers et capable de les braver également tous.