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« 3. Quelquefois il sue le jour ; le plus souvent il a froid pendant la nuit. Il couche vestu sur la terre gelée et quelquefois sur la neige couverte de quelques branches assez rudes.

« 4. Il mange dans un ouragan (plat) assez rarement net ou lavé, et le plus souvent essuyé avec une peau grasse ou léchée par les chiens. Il mange quand il y a de quoi manger et quand on lui en présente. Quelquefois la viande n’est que demi-cuite, quelquefois elle est fort dure, surtout la boucanée, séchée à la cheminée. Pour l’ordinaire, on ne fait qu’une fois chaudière, et au temps de l’abondance deux fois ; mais il ne dure guère.

« 5. Les souliers sauvages et la peau des chiens lui servent de serviettes, comme font les cheveux aux sauvages et aux sauvagesses.

« 6. Sa boisson ordinaire est l’eau de ruisseau et de quelque mare, quelquefois de la neige fondue, ou du bouillon pur, ou avec de la neige dans un ouragan d’ordinaire assez gras.

« 7. Souvent il brûle ses habits ou sa couverte ou ses bas pendant la nuit, surtout quand la cabane est petite et étroite. Il ne peut s’étendre, mais il se rétrécit et il a la tête contre la neige couverte de sapin, qui refroidit bien le cerveau et lui cause des maux de dents, etc.

« 8. Il couche vestu et ne demêt sa soutane et ses bas que pour se défendre de la vermine, dont les sauvages sont toujours riches, surtout les enfants.

« 9. Le plus souvent, à son réveil, il se trouve entouré de chiens ; je me suis trouvé quelquefois parmi 6, 8 et 10.

« 10. La fumée est quelquefois si violente qu’elle le fait pleurer, et quand il se couche, il semble qu’on ait jeté du sel dans ses yeux ; et, à son réveil, il a bien de la peine à les ouvrir.