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Outre que, pour le missionnaire, l’existence était alors pleine de périls, elle ne lui présentait encore que des dégoûts et des objets tellement repoussants que, pour ne pas être vaincu par la répugnance, il lui fallait un esprit de sacrifice surhumain, une foi capable de tout surmonter. On peut s’en convaincre par le tableau qu’a fait lui-même le Père Crépieul de tout ce qu’il avait à subir dans ces pénibles et interminables expéditions où un ennui accablant ne cessait de peser sur le cœur du missionnaire, et parfois brisait toutes les forces dont il avait besoin pour le combattre. Voici ce tableau que nous reproduisons en entier, quoiqu’il se trouve dans le deuxième volume des « Missions du Canada », publiées par le Père Martin ; nous le croyons également à sa place dans cet ouvrage :


« LA VIE D’UN MISSIONNAIRE MONTAGNAIS PRÉSENTÉE AUX SUCCESSEURS
MONTAGNAIS, POUR LEUR INSTRUCTION ET POUR LEUR
GRANDE CONSOLATION, PAR LE P. FRANÇOIS CRÉPIEUL,
JÉSUITE ET SERVITEUR INUTILE DES MISSIONS DU
CANADA, DEPUIS 1671 JUSQU’À 1607. »




« La vie d’un missionnaire montagnais est un long et lent martyre, un exercice presque continuel de patience et de mortification, une vie vraiement pénitente et humiliante, surtout dans les cabanes et dans les chemins avec les sauvages.

« 1. La cabane est composée de perches et d’écorces de bouleau, et entourée de branches de sapin qui couvrent la neige et la terre gelée.

« 2. Le missionnaire presque tout le jour est assis ou à genoux, exposé à une fumée continuelle pendant l’hiver.