Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nuation de la rivière Saguenay, ils y pénétrèrent et la trouvèrent sans issue. Située à plus de soixante milles de Tadoussac, par le 48e degré, 22′ de latitude nord, et le 70e degré, 11′ de longitude ouest, elle a environ deux lieues de profondeur sur une lieue de largeur. Cette baie, où la marée monte jusqu’à une hauteur de dix-sept pieds et où la profondeur d’eau varie constamment sur tout son parcours, étant de 95 brasses à son embouchure, de 133 à un endroit de la rive sud, et de 15 brasses seulement quelques pas plus loin, est un vaste port où le mouillage est partout sûr et à l’abri de tous les vents pour les navires de toute grandeur.

La Grande-Baie est entourée d’un cercle de prairies qui en font le véritable commencement de la partie agricole du territoire du Saguenay. Aussi est-ce vers elle que se porta le premier effort, le premier mouvement de la colonisation, lorsque ce pays mystérieux, que la fable avait enveloppé jusque là de voiles impénétrables et auquel la légende prêtait les plus terribles aspects, vit enfin arriver sur son sol les pionniers précurseurs des importants et nombreux groupes de population qui se sont formés depuis. « La baie Ha ! Ha !, dit M. Bouchette, paraissait évidemment avoir été formée par la nature pour être le siége principal du commerce de toute cette partie du territoire du Saguenay : 1o À cause de la grande étendue de pays plat qui l’environne, qui s’étend d’un côté jusqu’à Chicoutimi et, de l’autre, jusqu’au lac Kenogami. 2o À cause du havre qu’elle offre aux vais-