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une hauteur de vingt et un pieds ; l’hiver, la glace s’y forme plus tard et, le printemps, disparaît plus tôt qu’à Québec, grâce à la profondeur de l’eau qui est beaucoup plus salée en cet endroit qu’elle ne l’est sur la rive opposée du fleuve, et à la prédominance des vents de nord-ouest qui poussent vers la rive sud tous les fragments de glace qui se forment à l’embouchure des rivières d’eau douce. Faisons remarquer ici en passant que les vents du nord-est et du nord-ouest se font sentir presque à l’exclusion de tous autres sur la rivière Saguenay ; le dernier surtout souffle parfois avec une extrême violence. Quant aux autres vents, ils y sont à peine perceptibles.

III

Si on laisse le havre de Tadoussac et qu’on tourne le précipice argileux de la Pointe-aux-Vaches, en côtoyant le littoral du fleuve, on ne tarde pas à pénétrer dans une petite baie au fond de laquelle coule le ruisseau du moulin Baude, à environ trois milles de Tadoussac.

C’est au fond de cette baie que se trouve le fameux banc de marbre dont il a été tant parlé pendant un temps. Ce banc est dans une position presque verticale et s’élève à une hauteur de cent cinquante pieds. Il repose en contact immédiat avec du gneiss syénitique et quelquefois se mêle avec lui, mais généralement il est pur et solide. « On pourrait à peu de frais en tirer des milliers de tonneaux », dit un voyageur qui était allé faire l’examen