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y circulent, elle a changé de physionomie et de caractère au point d’apparaître comme un pays imaginaire aux yeux de ses premiers habitants. Aux longues années d’isolement a succédé une période d’activité inouïe. L’agriculture, l’industrie et le commerce se sont développés comme subitement. L’industrie forestière et l’industrie laitière, notamment, ont pris des proportions étonnantes. De tous côtés il s’est établi des scieries, des beurreries et des fromageries. On compte huit scieries en activité, un moulin à papier et un moulin à pulpe sur le parcours de la ligne.[1]


    xxxLes colons, qui peuvent disposer d’un capital plus ou moins considérable, trouveront à acheter des terres déjà en culture, et plus ou moins avancées, soit dans les vieilles paroisses soit dans les cantons nouveaux. Au dire des cultivateurs de la région, la plupart de ceux qui sont venus y prendre des terres à l’origine étaient dans un dénûment absolu. Aujourd’hui bon nombre de ces premiers habitans possèdent des fermes de deux à trois mille dollars, quelques-unes même jusqu’à dix mille. Tout leur avoir a été acquis par la culture, bien qu’ils eussent à lutter contre une foule de désavantages et d’obstacles qui n’existent plus aujourd’hui. Quand les fils des cultivateurs étaient nombreux, il en partait un ou deux pour les États-Unis ; les autres demeuraient avec leurs parents et prenaient charge de la terre. Dans presque tous les cas ceux qui étaient allés aux États-Unis sont encore des ouvriers, tandis que ceux qui avaient pris charge de la terre de leurs parents sont maintenant sur de bonnes fermes bien pourvues de bestiaux. D’où la leçon est facile à tirer.

  1. En 1894, le nombre de tonnes de fret s’est élevé à 145,770 contre 133,150, en 1893 et 104,000 seulement en 1859. Le fret a consisté en :