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et il a été donné à cause d’une vague ressemblance avec cet animal que possède une grosse montagne du voisinage.

Le rivage a ici un aspect particulièrement farouche et rébarbatif. À quelque distance des Piles, nous avons laissé derrière nous la montagne des « Maurice », la plus haute de toute la rivière, montagne qui n’a pas l’air de plaisanter, qui se dresse tout d’un jet à mille pieds de hauteur, avec des protubérances formidables, et tombe presque à pic dans la rivière qui glisse, avec mille respectueux détours, entre ses énormes pieds.

Nous avons remonté en outre le rapide du « Français », nom donné en l’honneur d’un français de Normandie qui est venu s’établir en cet endroit, il y a trente-deux ans. C’est là qu’il a vécu bien des années solitaire, n’ayant rien pour se distraire que la contemplation de la rivière Mékinac, qui vient déboucher dans le Saint-Maurice, un peu au-dessus du rapide. Ce français s’appelait Louis Vaujeois, nom que la postérité lui conservera, très-heureuse de faire sa connaissance.


LA MATAWIN


Le rapide du « Français » franchi, après avoir quitté Mékinac, nous tombons bientôt dans celui de Manigonse, qui est le plus difficile et le plus long de tous les rapides entre les Piles et La Tuque. Manigonse est un nom sauvage, contraction de Ménahigonse, qui veut dire « épinette blanche ». Plus loin, nous remontons le rapide