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Ramenons maintenant nos regards sur le théâtre des opérations qui nous intéressent le plus particulièrement, sur celui qui est à proximité de nous, le plus à notre portée, et nous allons voir là encore combien de progrès accomplis et quelles espérances on peut, sans s’exalter, concevoir pour l’avenir de la ligne du Grand-Nord.


THÉORIE DE LA COLONISATION


XVIII


La construction d’une voie ferrée comme celle du Grand Nord n’est pas une de ces entreprises de pur lucre et de compétition commerciale comme il en naît tous les jours dans le cerveau des spéculateurs américains. C’est, sous des apparences très modestes, une conception colossale, dont nul ne peut calculer les résultats, parce que l’établissement de la plus vaste portion de notre territoire et l’avenir de toute une nationalité s’y confondent. — C’est le nord, en somme, qui est le fondement et la charpente osseuse de notre superbe province. De ce côté-là, le domaine bas-canadien est illimité ; il ne s’arrête qu’à la zone farouche où toute végétation devient impossible, et, avant d’y parvenir, il faut franchir plusieurs centaines de milles d’une contrée presque déserte encore, mais dont les deux-tiers au moins peuvent donner à l’homme généreusement en récompense de ses efforts.

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