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pensée se reporta au travail si méritoire, si consciencieux, mais si incroyablement entêté, si effroyablement prolongé, pendant des milliers de siècles, que l’abbé J. K. Laflamme fait accomplir aux eaux du lac St-Jean pour se frayer un passage jusqu’au fleuve St-Laurent, à travers deux mille pieds de granit et sur une longueur de trente lieues, quand elles n’avaient qu’à suivre la pente si naturelle, si facile, qui les aurait amenées au même fleuve, par la vallée du St-Maurice.


XII


À TRAVERS LES LAURENTIDES


Les sons d’une cloche retentirent dans le voisinage ; c’était le signal du dîner pour les employés de la Compagnie. Je me rendis chez St-Onge ; je dinai, puis je causai longuement, puis je pris des notes, puis je lus, en attendant le train qui devait me conduire au bout de la ligne, cinquante milles plus loin, « au bout du fer », comme on dit sur les lieux.

* * *

Il était environ quatre heures et quart quand je montai dans le seul et unique wagon que l’on attache aux trains de construction, pour l’usage des ingénieurs du chemin, des arpenteurs, des entrepreneurs de sections, de leurs femmes et de quelques rares voyageurs. C’était l’heure où, à cette époque de l’année, les premières voiles du crépuscule, encore indécises, descendent sur la terre,