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le Saint-Laurent s’étant retiré peu à peu de ses anciennes rives, les sables du Saint-Maurice sont restés à découvert.

Qu’on examine encore la vallée de la Chamouchouane, petit plateau formé par le retrait des eaux du Lac, puisqu’autrefois le Lac s’étendait jusqu’à vingt milles et plus peut-être au delà de l’embouchure actuelle de cette rivière. Eh bien ! Qu’on suive ce plateau et l’on arrivera à peu près à l’endroit où devait être jadis l’ancienne embouchure, et l’on verra que le terrain y est absolument semblable à celui qui se trouve le long du lac Saint-Pierre, terrain fermé, lui aussi, de dunes de sable. Le long du rivage de la Chamouchouane, on voit les couches d’argile déposées d’année en année par épaisseurs d’un quart, de deux, de trois quarts de pouce, très nettes, très distinctes, quoique souvent interrompues. Au printemps, lorsque les grandes eaux, déferlant des rivières avec les tempêtes, arrivaient dans l’ancien Lac, l’alluvion qu’elles apportaient tournoyait, se mêlait et restait ainsi en suspens jusqu’à ce que le calme se fût rétabli. Alors, l’alluvion baissait lentement et se déposait au fond du Lac, et cela chaque année successivement, de sorte que si, aujourd’hui, le Lac se vidait complètement, on pourrait calculer combien de temps il a existé, au moyen de ces couches d’argile, dont un certain nombre, régulièrement alignées, comme nous venons de le dire, le long des bords de la Chamouchouane, forment un rivage variant entre dix et vingt pieds de hauteur. Au-dessus de ces couches d’argile est venu s’étendre petit à petit un épais dépôt de sable