et surtout par le cap à l’Ouest, énorme rocher qui a divisé les eaux.
Maintenant, regardons cet espace qui s’étend de la Grande-Baie jusqu’à Chicoutimi, sur une largeur variant entre douze et quinze milles. Il est d’une extrême fertilité et la cime des rochers qui l’intersectent en divers endroits y est polie comme l’ivoire. On le comprend bien, les torrents les ont léchés pendant un temps qui se compte par centaines de siècles, tout en déposant d’énormes quantités d’alluvion. Cette alluvion, entassée en désordre, creusée par de petits cours d’eau qui s’échappaient des torrents et qui s’enfonçaient jusqu’à des profondeurs de deux à trois cents pieds pour se frayer un passage, forme le sol le plus onduleux qui se puisse concevoir, et voilà pourquoi il y a tant de côtes abruptes et rapides dans cette partie du Saguenay. Que disons-nous ?… dans cette partie ! Il en est de même partout entre la Grande-Baie ou Chicoutimi et le lac Saint-Jean parce que partout la raison en est la même, partout le sol n’est qu’un amas d’alluvion, de sable et d’argile apporté par les torrents, et dont l’épaisseur seulement varie suivant des circonstances locales.
Il faut voir par exemple le cours de la Belle-Rivière, entre le lac Kenogami et la paroisse de Saint-Gédéon, sur le bord du Lac, pour se former quelque idée du travail fait par les eaux lors du grand cataclysme. Rien de plus sinueux ni de plus difficile à suivre que le cours