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qui lui sont propres. Éloigné dans l’intérieur du pays, il produit sur les populations qui l’entourent l’illusion de la mer ; il les attire, les fascine et les retient par le charme unique qu’il apporte dans la monotonie du pays qu’il arrose.

Pays monotone, soit, mais excellent pour y vivre de longues années. C’est un milieu dans lequel tous les besoins factices disparaissent et où la santé compromise s’empresse de se refaire. Les colons sont contents de leur sort et vivent de peu. Ils s’étonnent quand vous leur offrez de l’argent en échange de leur hospitalité. Ils sont une race admirable, d’un courage et d’une persistance uniques. Placés pour ainsi dire au sein de la nature, ils apprennent à la connaître tous les jours ; ils y apprennent les secrets de l’hygiène et de la conservation de la vie, et, sous ce rapport, ils peuvent en remontrer à bien des gens de la ville. Ce serait le devoir impérieux du gouvernement de seconder, d’aider une pareille population de tous les moyens en son pouvoir ; nous ne saurions trop insister là-dessus.

« Pourquoi restes-tu ici ? » disait l’auteur de ce livre à un enfant de cinq ans dont la famille habitait une misérable loghouse près de la petite Décharge. « Parce que je vois le Lac », répondit-il. Ce que contient cette simple réponse, qui ne le sent ? Le Lac ! voilà le nom qu’on entend retentir par dessus tous les autres dès qu’on met le pied sur le territoire du Saguenay. Le Lac est le desi-