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pointe de rocher ou par quelques touffes d’arbres et de saules qui s’avancent jusque dans le lac.

En arrière, c’est la forêt où poussent en abondance le cyprès, le bouleau, l’épinette, le sapin et le tremble, et dont le sol se couvre de bleuets, de thé sauvage, de quelques rares bouquets de fleurs modestes et de petits arbrisseaux portant toute espèce de baies dont les ours font leur nourriture ordinaire[1].

C’est là la plus belle partie du Lac. La nature y apparaît dans toute sa virginité, et elle est loin d’avoir le caractère âpre et souvent farouche des pays montagneux ; au contraire, elle offre une physionomie pleine de douceur et de charme où les grands traits, remplis de noblesse, n’ont rien d’altier ni de dominateur et se fondent aisément dans l’ensemble des détails pittoresques. La première chaîne de montagnes se trouve à une distance de vingt-cinq à trente milles du rivage, et quelquefois plus ; toutes les explorations qui en ont été faites concourent à faire regarder ce sol comme remarquablement fertile et capable de recevoir une population de plus de cent mille âmes. Le terrain est presque partout plat et richement boisé ; c’est de là que la maison Price

  1. Les ours sont extrêmement nombreux dans la région du Lac. Ils viennent au bord des rivières manger les baies blanches ou rouges qui poussent sur les arbrisseaux, ainsi que le cormier. Le soir, on les guette et on les tue. Ils sont du reste très faciles à effrayer et se sauvent généralement devant l’homme, à moins qu’ils ne soient attaqués ou ne défendent leurs petits.