Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’ormeaux ; la rivière est peu profonde, mais son chenal, qui court en serpentant le long de la rive orientale, est encore plus profond que celui de la Mistassini ; on peut le remonter jusqu’à une distance de dix milles, à l’endroit où se trouve la première chute de la rivière.

Du côté est de l’embouchure on voit aussi d’autres pointes de terres petites et touffues, couvertes de foin sauvage. Ces pointes sont également des bancs de sable que le vent de sud-ouest a amassés et qui se déplacent dans la direction du nord-ouest au sud-est. Le vent de sud-ouest les entasse et le vent de nord-ouest les étend et les allonge toujours de plus en plus. Cela forme une succession presque régulière de battures à peu près parallèles qui s’échelonnent du côté oriental de l’embouchure de la Péribonca, et qui, avec le temps, s’unissent au rivage et lui font une espèce de robe à longs plis qui se développe d’année en année. Le rivage tout entier, au nord et à l’est du lac Saint-Jean, depuis la Péribonca jusqu’à la Belle-Rivière, n’est autre chose qu’une large tunique de sable qui baigne sa frange mouvante dans les eaux du lac, mais qui s’affermit et se durcit à mesure qu’elle gagne la ceinture des rochers qui constitue le rivage réel, de telle sorte que le pied du passant y laisse à peine une faible empreinte, et qu’on y marche comme sur un vaste boulevard d’asphalte jaune et blanche qui n’a pas moins de quatre à cinq cents pieds de largeur et une longueur de huit à dix lieues, rarement interrompue par quelque