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Mistassini, à très-peu de distance de l’embouchure de cette dernière.




La Mistassini, le premier des tributaires du lac Saint-Jean, est une noble rivière qui n’a pas moins de trois milles de largeur à son embouchure où de nombreux îlots, inondés de saules au feuillage intense, semblent autant de vastes bouquets plongés dans ses ondes. Ces petites iles sont basses, touffues et couvertes d’une végétation luxuriante qui leur donne parfois un aspect tropical. Entre leurs rives coulent, remplis de brochets, de nombreux chenaux qui sont autant d’artères de la Mistassini, et au milieu desquels il est souvent difficile de se retrouver et de diriger sa course : le gibier aussi y foisonne, les canards et les outardes, en troupes serrées, venant s’abattre pour y banqueter ensemble, parmi les hautes herbes grasses qui s’étalent comme une bordure le long des chenaux[1]. Sur les rivages de la terre ferme on voit se dresser de gracieuses forêts de trembles et de frênes ; de temps à autre, même, quelques groupes de grands ormes, vigoureux et touffus, étendront leurs puissantes branches

  1. Au printemps, les outardes vont loin dans le nord, parce qu’elles n’ont pas de quoi manger sur les terrains que le Lac recouvre. Elles vont vers la hauteur des terres, où elles font leur couvée. Quand vient septembre, elles redescendent, se réunissent au Lac d’où elles repartent par groupes, chaque groupe volant vers son endroit de prédilection, qui est Kamouraska, l’Île Verte Saint-Joachim ou Sorel.

    Les outardes sont des oiseaux de passage qui, après avoir séjourné quelque peu dans tous ces endroits, se dirigent vers le sud.