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II


Cependant, les premiers temps furent extrêmement pénibles. Pendant des années, malgré l’espoir qu’on avait fondé dans l’action de la « société », qui devait être en toute raison plus rapide que celle du gouvernement, les colons n’eurent même pas de chemins pour communiquer les uns avec les autres. Mais depuis une huitaine d’années environ tout a bien changé d’aspect, et la colonie de Normandin a pris un remarquable essor. On y compte aujourd’hui cent trente familles, des industriels, des artisans ; ceux-ci y exercent leurs différents métiers ; les marchands sont au nombre de trois ; on voit aussi une fromagerie en pleine activité, enfin un moulin a bardeaux, un moulin à farine et trois moulins à scies.

Le canton a dix milles de largeur et dix rangs de hauteur. Le sol en est étonnamment fertile. Les colons ont en général de bonnes habitations et des bâtiments proprement tenus, ce qui indique que leurs propriétaires jouissent d’une réelle aisance. Les défrichements sont faits à fond : on ne saurait découvrir une seule souche, même aux abords de la forêt. Quant au bois de construction, les rives des cours d’eau en sont chargées ; remarquons en passant que ce bois fait partie de la grande forêt qui, partant de la rivière Chamouchouane, s’étend jusqu’à la baie de James, prolongement de la mer de Hudson.

La population de Normandin dépasse six cents âmes ; elle s’est doublée dans l’espace des trois dernières années.