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comme autrefois nos ancêtres, à nous tous, s’égorgeaient pour la possession des cavernes les mieux à l’abri du mammouth et du rhinocéros velu[1]. L’indien de nos jours, n’ayant plus à lutter, à longueur de bras, avec des hommes aussi faibles que lui, se laisse détruire en paix par la civilisation qui l’envahit et le circonscrit de toutes parts, dont il prend rapidement tous les vices sans pouvoir acquérir une seule de ses vertus ; il ne lui reste que la dignité ou la résignation du silence. Partout il succombe, laissant le blanc seul debout. Ainsi, rien ne peut arrêter la diminution et la mort des races faibles condamnées d’avance à cause de leur haine d’une demeure fixe, de leur répugnance pour la vie d’ambition et de travail, ou de leur infécondité devenue de plus en plus fatale.



En face de la Pointe-Bleue se trouvent quelques îles, entre autres la fameuse île aux Couleuvres où la légende voulait que ces reptiles inoffensifs se tinssent en grand nombre, souvent entrelacés et roulés ensemble comme des festons ; mais, après bien des recherches faites par de hardis voyageurs, on n’y a trouvé qu’une vieille peau de cet animal qui, depuis lors, a perdu tout son prestige et

  1. Les tribus sauvages qui habitaient jadis le territoire du Saguenay et du Lac Saint-Jean étaient celles des Tadoussaciens, des Chekoutimiens, des Piegouagamiens, des Chemonchouanistes et des Nekoubanistes. Plus au nord étaient les petits et les grands Mistassins. Toutes ces tribus diverses n’étaient que des membres de la grande famille des Montagnais.