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laissés absolument à sec, tandis qu’à côté se formaient de véritables rivières qui creusaient leur lit à des profondeurs très variées. De nombreux monticules d’alluvion, violemment entassés, s’éboulent aujourd’hui lentement, ou plutôt s’émiettent petit à petit dans les ravins et les cours d’eau ; cette terre marche toujours, même après le retrait des eaux du Lac, et le travail qui se fait en elle, visible à tous les yeux, sert merveilleusement l’intelligence de l’observateur et lui dévoile le phénomène dans toute sa clarté.

Le chemin public, pratiqué à travers un pays où se multiplient les accidents de terrain, en a tout le pittoresque et les inconvénients. Il faut monter et descendre des côtes à toute heure, être aveuglé et étouffé à la fois par un sable brûlant, ou bien entendre l’odieux bourdonnement de mille moustiques et sentir la cuisante piqûre de ces horribles petits monstres altérés de sang ; mais enfin, avec un bon cheval et beaucoup de résignation, il ne faut pas plus de deux heures pour aller d’Hébertville à Saint-Jérôme, la première des paroisses qui se présente au seuil de la région proprement dite du Lac Saint-Jean.



C’est en 1861 que les premiers colons vinrent à Saint-Jérôme. Jusqu’en 1865, il n’y avait eu que quatre ou cinq familles éparses sur le rivage du Lac ; ces premiers