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vagues, au moindre souffle du nord-ouest, s’élèvent à une hauteur étonnante, d’où il résulte que la seule navigation possible sur ces bas-fonds, celle qui se fait en canot, devient extrêmement dangereuse.

Ce peu de profondeur du lac et la température élevée de ses eaux, lorsque le vent les fouette, en donnant lieu à une évaporation rapide, peuvent servir d’explication à un fait qui, sans cela, serait assez difficile à comprendre, c’est que six rivières comparativement larges et plusieurs autres plus petites se déversent dans le lac, tandis qu’il n’en sort qu’une, et encore est-ce une rivière de dimensions restreintes.

Le printemps, à la fonte des neiges, le lac, nourri par les grandes rivières du nord, hausse rapidement son niveau. Il atteint souvent vingt-cinq pieds en quinze jours et même trente pieds au-dessus de son niveau d’hiver ; c’est alors que les deux décharges deviennent insuffisantes pour déverser dans le Saguenay le trop plein de ses eaux, et le lac se précipite sur ses rives qu’il ronge, arrache et fait crouler pêle-mêle dans les sables qu’il pousse en tous sens.

En automne, lorsqu’il pleut, le lac se gonfle rapidement ; il s’affaisse non moins vite lorsque la pluie cesse, surtout lorsque le vent souffle dans la direction du nord-ouest ou du sud-ouest. Il se couvre alors d’écume et ses fonds mobiles, brisés en maints endroits, se creusent ou s’entassent sur la rive nord, en déplaçant le chenal des rivières