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CHAPITRE XI
LE LAC SAINT-JEAN
I
ous voilà enfin arrivés devant cette petite mer qui est
restée en quelque sorte légendaire jusqu’à nos jours,
dont le nom frappe encore singulièrement bien des oreilles,
et sur laquelle a plané pendant bien longtemps le voile
mystérieux qui couvre l’immense solitude du nord. Il y
a cinquante ans à peine, personne n’aurait osé croire qu’on
pût seulement se rendre jusqu’au lac Saint-Jean : c’était
tellement loin dans le nord ! Le pays qui l’entourait ne
pouvait être que la demeure des animaux à fourrures, et
seuls, les Indiens étaient regardés comme pouvant se hasarder
dans ces sombres retraites, que protégeait la