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première paroisse établie sur le bord du lac Saint-Jean, à douze ou treize milles du village que nous venons de laisser derrière nous. Le pays est extrêmement accidenté, montueux, pittoresque, d’une originalité brouillonne et tapageuse qui en fait comme une espèce d’enfant terrible de la nature, prêt à tout mettre sens dessus dessous. On n’y fait que monter et descendre des côtes pratiquées au milieu d’épais dépôts d’alluvion, qui apparaissent comme des collines abruptes, se dressant dans toutes les postures, le long de la route. On ne voit partout que vallées et coteaux, et la campagne semble onduler sous le regard. À droite, à gauche, devant, derrière soi se découvrent de petits lacs, remplis de truites, qui baignent la base des collines et plongent dans la terre à des profondeurs souvent prodigieuses ; ces petits lacs donnent naissance à une foule de cours d’eau qui fuient dans toutes les directions et se creusent les lits les plus capricieux. Souvent, ils disparaissent tout à coup et on les retrouve un mille plus loin, débouchant au détour d’un mamelon ou rasant le fond de quelque précipice. Cette campagne conserve le même caractère sur toute la rive orientale du lac Saint-Jean jusqu’à sa décharge dans le Saguenay, c’est-à-dire dans toute l’étendue du canton Signaï que le cours bizarrement tortueux de la Belle-Rivière sépare du canton Caron. C’est en empruntant au canton Signaï une grande partie de son territoire que s’est formée, à l’ouest du Lac, il y a une vingtaine d’années, la paroisse de Saint-Gédéon, qu’habitent, aujourd’hui plus d’un millier d’habitants.