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peuvent se suffire à eux-mêmes. Il ne leur manque plus qu’un médecin : j’espère qu’ils n’en seront pas longtemps privés, car il y a là de quoi tenter l’ambition des jeunes gens de la Faculté qui cherchent à s’établir. Il ne s’agit pas seulement d’Hébertville, mais encore de tous les établissements qui se trouvent au delà, dans toutes les directions. Un bon médecin qui s’y établirait porterait secours à bien des misères et acquerrait en peu d’années une position fort enviable.

« La plupart des colons d’Hébertville sont venus des comtés de l’Islet et de Kamouraska ; il suffit de jeter un coup-d’œil sur leurs maisons, leurs granges et leurs clôtures pour le reconnaître. On en compte cependant un certain nombre qui sont originaires du comté de Charlevoix. À la sortie de l’église, je pris un intérêt extrême à examiner cette population ; je fus frappé de son allure vive et intelligente. Loin d’avoir altéré ses traits, le travail et les fatigues lui ont imprimé un cachet d’énergie et de fierté que l’on trouve rarement à un degré pareil. C’est d’ailleurs un fait incontestable que les habitants des nouveaux établissements offrent partout l’exemple du progrès et de l’activité. À peine ont-ils satisfait aux besoins les plus impérieux que vous les voyez de suite témoigner de l’intérêt pour l’éducation, s’occuper de leurs affaires municipales et, au besoin, raisonner fort sainement sur les affaires politiques. Il y a certaines plantes qui, pour atteindre tout le développement dont elles sont susceptibles, ont besoin d’être arrachées du sol dans lequel elles ont germé et d’être transplantées ailleurs : on dirait que la conquête du sol vierge a le même effet sur la classe des défricheurs. »

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En quittant Hébertville, on s’éloigne petit à petit de la Belle-Rivière : on la laisse à sa droite et on continue de suivre le chemin Kenogami jusqu’à Saint-Jérôme,