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en forêts détruites, en rochers rampant à fleur de sol et en toute sorte d’accidents de terrain qui rendent la culture impossible ; c’est un espace de douze à treize milles qu’il faut franchir avant d’atteindre les confins du canton Labarre. On ne pouvait donc pas s’attendre à ce que les établissements commencés à Chicoutimi fussent continués et se développassent jusqu’au lac Saint-Jean, en suivant une marche naturelle ; il fallait d’un seul bond sauter une large barrière, si l’on voulait jeter une nouvelle colonie sur les bords du lac Kenogamichiche ; des individus isolés n’en seraient pas venus à bout, des sociétés organisées pouvaient seules tenter de le faire.

En 1847, il s’en forma une à la Malbaie qui choisit ses terres le long de la Rivière-au-Sable : l’année suivante il s’en forma une autre à la Baie Saint-Paul et une troisième à Saint-Ambroise, près de Québec. Celle de la Baie Saint-Paul prit le canton Signaï, sur les bords du lac Saint-Jean, et le fit arpenter en grande partie ; M. Boucher, curé de Saint-Ambroise, qui représentait la troisième, entreprit seul, à l’aide de souscriptions recueillies dans sa paroisse et à Québec, de coloniser le canton Caron, voisin du précédent.

M. Boucher, dans le cours de ses missions chez les Montagnais, avait eu occasion de bien connaître le territoire du Lac Saint-Jean. Le 23 septembre, 1848, il obtenait du gouvernement un canton dans la péninsule de Chicoutimi, moyennant vingt centins l’acre et, de plus,