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roule péniblement, sur une longueur de douze milles, des eaux fortement imprégnées de sable, tout au travers du canton Jonquière, jusqu’à ce qu’elle atteigne la rivière Saguenay, dont elle sera le dernier aliment du côté du sud.


II


Si le voyageur, en quittant Chicoutimi pour aller vers le lac Saint-Jean, ne prend pas le chemin de Saint-Dominique, mais le grand chemin Kenogami, il se trouvera, dès le départ, à gravir une succession de côtes plus ou moins longues et escarpées qui le conduiront après une demi-heure de marche, à une sorte de plateau d’où son regard pourra embrasser dans toutes les directions le plus admirable panorama qu’offre le territoire du Saguenay tout entier. Devant lui, de l’ouest à l’est, coule la noble rivière avec une sorte de majesté empruntée à la grandeur du paysage qui l’entoure, aux hautes montagnes qui bordent la rive nord et aux escarpements variés, revêtant cent formes différentes, qui donnent à la rive sud cette physionomie à la fois désordonnée et composée, où l’on voit les effets violents d’un cataclysme suivis du long apaisement des siècles. Dans le port, de distance en distance, jusqu’à plusieurs milles en descendant la rivière, les grands navires, immobiles, achèvent de charger la riche cargaison de bois que leur apportent des bateaux et des goélettes venus de la scierie, à laquelle ils retournent aussitôt après, passant ainsi toute la journée dans un lent