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vastes étendues de terre qui se trouvent au nord du Saint-Laurent, et qu’on connaissait alors à peu près comme le centre de l’Afrique, les traditions à ce sujet s’étant perdues depuis la conquête.

Quelques hommes seulement, esprits studieux, avaient retenu de nos vieux auteurs certains renseignements assez vagues et assez imparfaits, tels que ceux pris dans Jean du Lact, Champlain et Charlevoix qui, tous, parlent du Saguenay et le décrivent en général, d’après les rapports des Indiens, comme un pays aride et montagneux, couvert de neiges perpétuelles et d’un aspect effroyable. Mais ces descriptions, vraies pour certains endroits à la physionomie farouche, étaient évidemment inspirées par les Indiens qui craignaient de voir usurper leurs terrains de chasse et qui cherchaient naturellement à refroidir le zèle des explorateurs. Les récits des traiteurs étaient également marqués au coin d’une crainte analogue : ils n’avaient nul désir d’encourager l’établissement ou la concurrence de nouveaux venus dans les retraites où ils trafiquaient des fourrures, en les faisant connaître trop exactement au dehors. Mais le voile allait être entr’ouvert et le mystère disparaître.

VI

Lord Dalhousie, alors gouverneur du Canada, avait apporté son propre concours au mouvement d’attention qui tournait les esprits du côté du domaine public ignoré, et il en était résulté la nomination d’un comité permanent