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fer du Labrador, une des nécessités les plus impérieuses d’un avenir peut-être plus prochain qu’on ne croit, œuvre gigantesque qui changera la face du continent nord-américain, le mettra à trois jours de l’Europe et fera de Chicoutimi, en particulier, une des villes les plus importantes et les plus considérables de l’intérieur de ce continent. En attendant, ses citoyens s’adonnent à la création et au maniement des industries locales, dans lesquelles ils font preuve d’une habileté et d’une initiative de vieux praticiens.

Le conseil de ville, élu en 1895, a déjà fait merveille. Jusqu’à l’année précédente, les gens de l’endroit eux-mêmes avaient à peine remarqué les magnifiques cascades par lesquelles la rivière Chicoutimi se précipite dans la rivière Saguenay. Ces cascades ne sont pas à plus d’une quinzaine d’arpents en arrière de la petite ville ; elles bondissent au milieu de la forêt touffue et, en quelque sorte, jusque là inexplorée ; elles sont d’une beauté saisissante et font l’admiration et encore plus l’étonnement des étrangers qui se demandent comment une pareille force hydraulique, si voisine d’un centre considérable, ait pu être si longtemps inutilisée. Brisant leurs cours impétueux et les rejetant avec une fureur redoublée de chaque côté d’elle se dresse une île, d’un aspect extrêmement pittoresque, longue de quelques arpents et renfermant d’épais bouquets d’arbres. Loin de lui être fatale sa beauté l’a fait servir à l’un des nombreux projets que font éclore et que nourrissent les Chicoutiminois, depuis