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véritable exploration de ce pays ; mais le résultat de cette entreprise est resté un des secrets du temps. Tout ce que nous en savons, c’est la perte de l’un des bâtiments qui composaient l’expédition, avec huit hommes du bord. En 1603, M. de Monts, ayant obtenu le privilége exclusif de la traite, depuis Terreneuve jusqu’au cinquantième degré de latitude nord, équipa quatre vaisseaux dont l’un devait faire la traite à Tadoussac. Il les confia à Champlain, qui s’arrêta à ce dernier endroit et y trouva « nombre de sauvages qui y étaient venus pour la traite de la pelleterie, plusieurs desquels vinrent à notre vaisseau avec leurs canots qui sont de huit à neuf pas de long et environ un pas et demi nuant par les deux bouts. Ils sont fort sujets à tourner si on ne les sait bien gouverner, et sont faits d’écorce de bouleau renforcée par dedans de petits cercles de cèdre blanc, bien proprement arrangés, et sont si légers qu’un homme en porte aisément un. Chacun peut porter la pesanteur d’une pipe[1]. »

Les Basques fréquentaient le port de Tadoussac dès 1608 ; ils y venaient à la poursuite de la baleine. « La traite des pelleteries s’y faisait sur un grand pied », dit Bergeron, dans son Traité de Navigation ; « on a vu quelquefois jusqu’à vingt navires au port de Tadoussac pour le trafic. » Ce poste avait été choisi parce qu’il était

  1. La pipe était une ancienne mesure de capacité française qui variait suivant les provinces ; mais jamais elle ne descendait au-dessous de cent gallons, et en contenait souvent plus de cent cinquante.