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d’aucune espèce, si ce n’est par la rivière Saguenay, durant les mois d’été seulement. Ils vécurent ainsi isolés pendant de longues années, sans protection ni assistance de la part du gouvernement, obligés d’endurer toutes les privations et n’ayant jamais guère d’autre perspective que la misère. Le travail des chantiers les occupait pendant tout l’hiver et se prolongeait jusqu’à la descente des billots qui n’avait lieu qu’à la fin de mai ou au commencement de juin, quelquefois même plus tard, en sorte qu’ils ne pouvaient labourer ni ensemencer leurs terres que lorsque la saison était déjà fort avancée, et, naturellement, le grain semé à cette époque, ne venant pas à maturité avant les gelées de la fin d’août ou de septembre, la récolte était souvent perdue.

Les premiers travailleurs, ainsi que bon nombre de ceux qui se rendirent plus tard au Saguenay avec leurs amis ou compagnons, furent tous plus ou moins les employés de M. William Price. Grâce à eux, comme nous l’avons vu, les premiers défrichements se firent, puis s’étendirent, puis gagnèrent jusqu’au lac Saint-Jean, toujours en suivant le cours de la rivière Chicoutimi. Pendant longtemps, la maison Price fut seule à fournir des provisions et des vêtements aux nombreuses familles qu’elle tenait pour ainsi dire sous sa tutelle, de telle sorte qu’il y avait à peine un homme des chantiers ou un cultivateur des environs qui ne lui fût endetté.

Mais outre M. Price, il y avait encore d’autres mar-