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une table placée dans la première pièce de l’ancienne maison de M. Price, laquelle renfermait alors quatre ménages, et qui, plus tard, complètement transformée, forma l’élégant manoir, entouré de jardins, ombragé d’arbres magnifiques qu’habitèrent longtemps les fils du grand industriel.

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Quand Peter McLeod vit que la mort était inévitable, et qu’il lui fallait céder au plus fort une fois en sa vie, il demanda qu’on ouvrît la croisée de sa chambre, et là, plongeant une dernière fois ses regards sur les sombres montagnes qui bordent la rive opposée, sur toute cette campagne sauvage qui l’entourait, qui avait été son berceau, et qui, maintenant, le regardait mourir avec l’impassible sérénité de la nature, il resta longtemps silencieux à contempler cette scène muette qui déjà revêtait pour lui l’aspect de l’immensité, puis on le vit se soulever avec effort sur son séant et détourner violemment la tête. Un cri horrible sortit de sa poitrine en feu : « Non, fit-il entendre d’une voix rauque et brisée, mais qui trouva, assez de force pour ce cri suprême, non, je ne veux pas mourir en face des montagnes de mon pays », et il commença un geste désespéré, mais la mort était déjà là qui le tenait ; elle avança rapidement sur lui sa main impitoyable et, deux heures après, Peter McLeod n’était plus.

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