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Disons de suite que le pin du Saguenay, à cette époque, était le plus beau bois de construction au monde. Sur cent pins, il y en avait en moyenne soixante-dix exempts de nœuds. Aujourd’hui les pinières ont à peu près disparu ; le feu les a détruites et le pin a été remplacé par l’épinette.

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Les navires qui prenaient alors des cargaisons de bois dans le Saguenay étaient tous d’un faible jaugeage ; ils ne portaient jamais plus de trois cents tonneaux. Dès que le vent était bon pour remonter la rivière, ils mettaient à la voile, et là où se présentaient des caps avancés ou des pointes de terre difficiles à tourner, on les faisait touer par six forts chevaux tirant sur des câbles : il en était de même lorsque le temps était calme et que le navire était pressé de prendre sa cargaison ou de s’en retourner. Mais aussitôt que M. Price eût fait construire son moulin de Chicoutimi, il dut faire l’acquisition d’un bateau à vapeur pour remorquer les navires qui allaient charger jusque dans ce port. Plus tard, en 1844-45, il bâtit un autre moulin où est la grande scierie actuelle, et où était autrefois le poste et ses dépendances. Enfin, développant toujours les opérations de son commerce, il ne tarda pas à les étendre en 1853 jusqu’aux forêts du lac Saint-Jean : mais il ne put en tirer aucun profit jusqu’à ce que le gouvernement se fût décidé à faire construire des glissoires à la décharge du lac, ce qu’il accomplit en 1855-56.