Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 40 —

trer dans une petite baie au fond de laquelle coule le ruisseau du moulin Baude, à environ trois milles de Tadoussac.

C’est au fond de cette baie que se trouve le fameux banc de marbre dont il a été tant parlé pendant un temps. Ce banc est dans une position presque verticale et s’élève à une hauteur de cent cinquante pieds. Il repose en contact immédiat avec du gneiss syénitique et quelquefois se mêle avec lui, mais généralement il est pur et solide. « On pourrait à peu de frais en tirer des milliers de tonneaux, » dit un voyageur qui était allé faire l’examen de ce banc dès 1826. « On pourrait en extraire, je pense, des blocs parfaits de quinze à vingt pieds de long qui serviraient à l’ornement des édifices ; mais il n’est pas susceptible d’un poli bien fin ; cependant il vaut fort la peine d’être exploité. »

La découverte du marbre au moulin Baude est loin d’être chose nouvelle. En 1726, Charlevoix mouilla en cet endroit dans le Chameau, vaisseau de la marine royale française, et mit pied à terre au petit ruisseau qui se décharge dans le fond de la baie. C’est au banc de marbre qu’il fait peut-être allusion lorsqu’il dit « tout ce pays est plein de marbre ; » mais il est plutôt probable qu’il fut trompé par la blancheur de la surface des rochers avoisinants.

On a pris un jour ce marbre pour du gypse, on l’a broyé pour en faire du ciment et l’opération a par-