Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
vi

des fourrures et leur donnaient en échange du tabac, ce poison si cher aux Peaux-Rouges et qui mettait tant de temps à les tuer.

Et les missionnaires ! Ne les oublions pas, eux surtout, ces soldats-apôtres qui cherchaient partout les plus obscures retraites pour y prodiguer leur vie. N’oublions pas que leurs labeurs incessants, leurs missions prodigieuses, racontées par eux avec une humilité aussi grande que leur dévouement, forment l’histoire la plus complète d’une époque où le courage, la patience, l’esprit de sacrifice furent portés au-delà des forces humaines et introduisirent comme un miracle tous les jours renouvelé dans l’existence si précaire de notre pauvre colonie.

Les Pères Jésuites avaient des missions établies sur le cours du Saguenay et sur les rives du Lac Saint-Jean alors même que la capitale de la Nouvelle-France sortait à peine des langes, et l’un d’eux, le père Albanel, celui-là même en l’honneur de qui l’on vient de baptiser un nouveau township à l’extrémité ouest du Lac, faisait déjà en 1672 un voyage à la baie d’Hudson par les rivières