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si l’on veut bien ne tenir compte que de l’ensemble de sa marche, et non de quelques écarts profonds qui la troublent et qui dérouteraient toutes les hypothèses. Ainsi l’on peut dire en thèse générale que la crevasse n’a pas cessé de diminuer de profondeur et d’ampleur, depuis l’embouchure du Saguenay, son point de départ, jusqu’au lac Saint-Jean où elle est « arrivée » pour ainsi dire épuisée, à bout d’efforts ; et, pour corroborer cette assertion, on pourrait indiquer comme une preuve très-plausible le rivage de la Pointe-aux-Trembles, à un endroit appelé le « Rocher Percé. » Là se trouve une série de rochers calcaires dont la disposition est absolument anormale. Au lieu d’être disposés horizontalement, suivant les règles de la formation géologique, ces rochers vont en s’inclinant dans le Lac ; ils penchent, ils cantent, comme on dit en langage vulgaire. Pourquoi ? C’est que la secousse n’était plus assez forte pour déterminer l’ouverture des rochers à cette distance du point initial, surtout lorsque la crevasse, en se bifurquant à la Grande Baie et en se continuant intégralement jusqu’au Lac au nord de la presqu’île de Chicoutimi, pouvait avoir perdu de son impulsion et de son allure du côté du sud où se trouve la Pointe-aux-Trembles. La secousse a seulement soulevé les rochers, ébranlé la croûte supérieure ; des fragments de ces rochers brisés sont restés au sommet, où on les retrouve en grand nombre et de toutes dimen-