Du sable, toujours du sable. Les battures du Lac grossissent et s’étendent tous les ans au point qu’il n’y a plus que deux à trois pieds d’eau au-dessus d’elles, et même moins de deux pieds, comme entre la Mistassini et la Péribonca où l’eau n’a, sur une étendue de douze milles environ, qu’une profondeur moyenne de dix-huit pouces. C’est-là que le canot hale le sable, suivant l’expression pittoresque des canotiers ; et voilà pourquoi la Mistassini, dont le nom indien veut dire « grosse roche, » a été justement appelée en outre « rivière de sable. » Ce sont ses rives sablonneuses et les bancs qui, de son embouchure, s’étendent au loin dans le lac, qui lui ont valu cette dernière appellation.
Ainsi en a-t-il été de la Péribonca qui se déchargeait naguère aux environs de la rivière au Cochon, comme l’attestent les bancs de sable qui y sont déposés. Elle était alors beaucoup plus large, mais moins profonde qu’aujourd’hui. Dans les basses eaux, les grands vents d’ouest et de sud-ouest formaient des dunes qui la rétrécissaient ; la rivière fut obligée de laisser son cours et de suivre les flancs de la dune qui venait de lui fermer le passage. À mesure que le lac baissait, à la suite du cataclysme, il se formait une nouvelle dune, ou, si l’on veut, un nouveau rivage qui se trouvait exhaussé par les vents ; en sorte qu’il y a dans la péninsule de la Péribonca bon nombre de dunes parallèles qui se suivent et longent le Lac dans une direction sud-est, en partant de la