sans doute, en passant devant Trois-Rivières, ces hautes et longues dunes de sable qui se trouvent à l’embouchure du Saint-Maurice et se continuent jusqu’à une certaine distance en aval du fleuve. D’où viennent-elles ? Qu’est-ce qui les a apportées là ? Qu’est-ce qui les y a entassées ? Qu’est-ce qui les y retient aujourd’hui, de mobiles, de mouvantes qu’elles étaient jadis ? Autant de questions qui, chacune, ont une portée propre, et que nous ne mettons pas au hasard l’une à la suite de l’autre. Eh bien ! ne craignons pas de le dire en attendant les constatations de la science, parce que les faits concourent à le démontrer, le lac Saint-Jean se déchargeait autrefois vers le Saint-Maurice ; c’est là la cause des dunes qui se trouvent à l’embouchure de cette rivière. C’est là que s’amoncelait le sable que le Saint-Maurice apportait du Lac, grâce à la rivière Croche. Ce même sable remontait le Saint-Maurice avec la marée du Saint-Laurent et redescendait avec le baissant. Mais comme il en descendait beaucoup plus qu’il n’en montait, il arrivait que le sable se rendait ainsi jusqu’à Batiscan, ce qu’on peut voir par la formation du sol entre ce dernier endroit et Trois-Rivières, sol qui formait l’ancien lit du Saint-Laurent, et que ses eaux recouvraient. Si le Saguenay ne s’était pas ouvert, le Lac aurait continué de pousser ses sables vers le grand fleuve ; mais son action ayant été subitement contrariée par le cataclysme, la partie de ses eaux qu’il envoyait à l’ouest ayant été ramenée en arrière
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