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invariablement la même surface polie et comme satinée, que nous avons déjà remarquée ailleurs. On voit les mille méandres de la Belle Rivière qui arrive à se jeter dans le Lac après avoir couru follement le long de coteaux abruptes, au fond des précipices ou sur de verdoyants tapis dorés par le soleil. Les aperçus que, de temps à autre, on a du Lac, à mesure que l’on chemine sur la route d’Alma, sont ravissants ; à peine s’est-on éloigné des rives que l’on est frappé à la vue d’un vaste plateau de terre végétale, parfaitement uni et qui s’étend au loin, formant un contraste étrange avec la campagne partout accidentée et profondément convulsionnée que l’on a sous les yeux. Ce plateau domine toutes les hauteurs ; mais si l’on avance encore un peu plus loin seulement, on admire en revanche à sa droite une large vallée qui se déploie jusqu’aux bords du Lac, en se couvrant d’une riche fourrure d’herbes, de pâturages abondants et de frênes et d’ormes au feuillage intense.

Le voisinage du Lac dont l’âpre senteur arrive au loin, du lac qu’on aperçoit encore à travers des éclaircies subites, longtemps après qu’on s’en est éloigné, et dont on entend confusément le murmure irrité quand il se gonfle sous le vent de nord-ouest, donne à la nature du township Signaï un caractère et une saveur dont on se sent bientôt pénétré sans pouvoir en saisir immédiatement la cause. Le même phénomène qui se produit aux environs de la mer se