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La distance du lac Saint-Jean au grand lac Mistassini est de 200 milles par la voie la plus courte ; on la parcourt en trois semaines environ, tandis qu’il en faut moins de deux pour revenir, à moins de retard extraordinaire causé par le vent sur les lacs. Les portages sont au nombre de quarante et un, et l’on compte une soixantaine de rapides ; quant aux lacs, il n’y en a pas moins de trente-sept, dont 30 petits. Sur les bords du lac se trouve un poste de la compagnie de la Baie d’Hudson qui n’est guère considérable aujourd’hui, mais qui autrefois était fort important, au dire des anciens missionnaires qui l’ont visité. On y compte une vingtaine de familles indiennes, en tout quatre-vingts âmes à peu près, qui dépérissent l’une après l’autre ou bien qui s’en vont, tantôt à Betsiamites, tantôt au lac Saint-Jean. Il y a des causes nombreuses au dépérissement presque irrémédiable des Indiens du nord ; ce sont en général l’excès de faim durant l’hiver, l’excès de nourriture dans l’abondance, l’excès de fardeau dans les portages, lorsqu’ils ne se nourrissent guère que de poisson, leurs canots étant d’un poids énorme, l’excès de course à la poursuite du caribou, de l’orignal et même du loup-cervier, l’insuffisance de la nourriture, et, enfin, les maladies épidémiques, telles que la petite vérole et les scrofules.


II


La Mistassini a été appelée justement aussi « Rivière de Sable, » à cause de ses rives sablonneuses et