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Champlain qui s’arrêta à ce dernier endroit et y trouva « nombre de sauvages qui y étaient venus pour la traite de la pelleterie, plusieurs desquels vinrent à notre vaisseau avec leurs canots qui sont de huit à neuf pas de long et environ un pas et demi nuant par les deux bouts. Ils sont fort sujets à tourner si on ne les sait bien gouverner, et sont faits d’écorce de bouleau renforcée par dedans de petits cercles de cèdre blanc, bien proprement arrangés, et sont si légers qu’un homme en porte aisément un. Chacun peut porter la pesanteur d’une pipe »[1].

Les Basques fréquentaient le port de Tadoussac dès 1608 ; ils y venaient à la poursuite de la baleine. « La traite des pelleteries s’y faisait sur un grand pied, » dit Bergeron, dans son Traité de Navigation ; « on a vu quelquefois jusqu’à vingt navires au port de Tadoussac pour le trafic. » Ce poste avait été choisi parce qu’il était le port où s’arrêtaient les vaisseaux qui venaient de la mer. « Il semblait donc destiné à un avenir florissant, » dit la Relation de 1644.

Quelques années plus tard, en 1632, le père Le Jeune y arrivait à son tour. Enfin, en 1636, le père De Quen, dont nous avons déjà mentionné le nom, venait y commencer la série des missions régulières qui se continuèrent sous la direction des Jésuites

  1. La pipe était une ancienne mesure de capacité française qui variait suivant les provinces ; mais jamais elle ne descendait au-dessous de cent gallons, et en contenait souvent plus de cent cinquante.