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son arrivée, le 9 octobre 1868, fut obligé de demander l’hospitalité à un colon établi non loin de la chapelle :

« Je passai là trois semaines, écrivait-il l’année suivante, dans une maison de vingt pieds carrés où nous étions toujours au moins quatorze personnes. Le dernier jour d’octobre, je pus m’installer dans la sacristie où les planchers étaient à peu près terminés.

Je trouvai en arrivant une chapelle de 50 x 36 pieds en pièces de cèdre, avec une sacristie de 34 x 28 pieds. Cette dernière sert de sacristie et de presbytère. Je fis construire une bâtisse de 30 x 25 pieds, qui me sert de grange et d’étable, puis une autre petite bâtisse de douze pieds carrés pour me servir de laiterie et de hangar. Dans le cours de l’hiver dernier, je demandai une autre bâtisse de 30 x 25 pieds, destinée à servir plus tard de hangar à grain, mais devant servir présentement tout à la fois de hangar à grain, de salle publique, de maison d’école et de logement pour le bedeau. La bâtisse a été construite dans le cours de l’été dernier, et elle remplit bien son rôle. Toutes ces constructions vous font voir de suite le courage et le zèle des pauvres colons. J’ai eu le plaisir de voir ouvrir une école dans le cours d’octobre dernier. Près de cinquante enfants la fréquentent, et grâce aux qualités de l’institutrice, cette école fera un bien immense dans la mission. »

Le printemps de 1870 avait été remarquablement beau, et dès les derniers jours d’avril, les colons de Saint-Jérôme avaient commencé le hersage. Ils avaient fait autant d’abattis que possible, et la fumée qui s’en élevait était si épaisse qu’elle obscurcissait les rayons du soleil. Depuis le 15 mai, la chaleur était intense. Tout à coup, dans l’après-midi du 18, un vent d’ouest s’élève, semblable à un cyclone des Indes, et en quelques minutes, il a embrassé la forêt qui ceinture le village naissant. Hommes, femmes et enfants combattent en vain le fléau qui dévore tout ; les maisons et les semences sont détruites en moins