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1828, la récolte manquait presque complètement dans le district de Montréal et dans le Haut-Canada, tandis que le blé du lac Saint Jean était venu très-bien. Avant même que le Lac ne soit libre de glace au printemps, la terre y est propre à la culture, du moins jusqu’à un pied de profondeur, ce qui suffit pour semer diverses espèces de légumes. »

Le lac Saint-Jean est pourtant à trente lieues au nord de Québec, en ligne droite, mais il est entouré d’un cadre de montagnes qui se rapprochent assez de ses rives du côté sud, et s’en éloignent jusqu’à 30 à 35 milles du côté nord et ouest. Ces montagnes formaient l’ancien rivage du Lac. Il y a moins de neige au nord des Laurentides qu’au sud ; dès qu’on a dépassé la hauteur des terres, on sent de suite la différence ; le printemps y commence deux, et même trois semaines plus tôt qu’à Québec. Les montagnes au nord de la vallée ne sont pas aussi hautes que celles qui sont au nord-est, ce qui fait que le vent de nord-est est à peu près inconnu dans cette région, et, quand il souffle, il est toujours plus sec et plus léger. C’est que le vent de nord-est change de caractère en changeant de pays. Ce vent, qui est le fléau de la rive sud du Saint Laurent, vient d’une étendue de mers dont la surface prolongée jusqu’au pôle le sature sans interruption d’humidité et de froid ; mais à mesure qu’on avance dans l’intérieur du pays, il diminue graduellement d’intensité ; il est plutôt sec qu’humide, plutôt léger et agréable que pesant et fâcheux. La raison en