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elle seule une province entière, et, dans tous les cas, elle est destinée à être avant peu d’années un vaste siége d’approvisionnements pour la capitale, en même temps que l’objet vers lequel se tourneront les plus actives et les plus sérieuses tentatives de colonisation.

Il n’y a guère plus de douze ans, c’est à peine s’il existait un chemin entre la Grande Baie et le Lac ; dans les autres parties de cette région encore alors aux sept-huitièmes déserte, il n’y avait que des ébauches de routes, et quelques centaines de familles seulement y étaient établies. Aujourd’hui, la colonisation, se développant sans cesse, tend à enserrer le lac tout entier ; la voilà déjà qui avance rapidement vers l’ouest par les townships Normandin et Albanel ; bientôt elle va envahir le nord, et les vallées de la Péribonca et de la Mistassini déploieront pour l’homme toute leur fécondité. C’est que la région du Lac Saint-Jean possède des avantages exceptionnels de sol et de climat qui la rend éminemment productrice et en font peut-être le meilleur champ de culture de toute la province.

« Le climat du Lac Saint-Jean, » disait M. Bouchette il y a déjà un demi-siècle, « est aussi doux et même plus doux que celui du Montréal. Quand, à Chicoutimi, les oignons, les patates et les choux gelaient le 23 septembre 1832, ils étaient restés absolument intacts au lac Saint-Jean jusqu’au 12 octobre. On peut cultiver même le melon sur les bords du Lac, et les nuits y sont moins froides que dans le reste du pays. En