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rangs de terre cultivée. Il a fallu trente ans pour en arriver là ; mais les commencements furent lents et pénibles. Quelques détails rétrospectifs à ce sujet ne peuvent manquer d’intéresser le lecteur.


II


La première année, les travaux ne durèrent que deux mois ; on fit un abattis de deux cents arpents, prêt à être brûlé le printemps suivant, et l’on ouvrit un chemin d’hiver de cinq milles de longueur sur la rive droite de la rivière Chicoutimi pour relier le Grand-Brûlé au Portage des Roches. Il en coûta à l’association, cette année-là, 3,190 dollars.

La deuxième année, M. Hébert revenait au printemps avec un parti pourvu de tout l’attirail nécessaire à un grand chantier : chevaux, vaches, provisions, planches, madriers. À leur arrivée au Portage des Roches, sur le lac Kenogami, il restait aux pionniers seize milles à faire pour atteindre la première limite du township Labarre. Outre plusieurs rivières et ruisseaux à traverser, le terrain, partout couvert de bois et brisé par des rochers, des vallées et des marais, offrait des difficultés presque insurmontables. Le transport sur le lac était bien le plus facile, mais on n’avait que deux petites barges d’une douzaine de pieds de long. La nécessité fit trouver le moyen de