Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 162 —

une de ses extrémités touche à la paroisse de Chicoutimi, l’autre à celle d’Hébertvilie. Les premières tentatives de colonisation dans cet endroit datent de 1848, et presque tous les colons qui s’y fixèrent venaient de la Malbaie, laquelle comprenait alors les paroisses de Saint-Irénée et de Sainte-Agnès. En 1863, Saint-Dominique comptait déjà soixante douze familles ; quinze ans plus tard, en 1879, on y trouvait treize cent soixante-cinq (1365) habitants.

Les premiers colons de cette localité ont eu à endurer toutes les peines, toutes les privations, toutes les fatigues qui ne manquent jamais d’assaillir ceux qui ouvrent de nouvelles terres ; mais il y a ici une circonstance particulière à signaler. À la Rivière au Sable, c’est une veuve, Marguerite Maltais, qui, accompagnée de ses deux jeunes garçons, pénètre dans la forêt, abat le premier arbre, construit la première cabane, et cela après que les premières tentatives de défrichement eussent été abandonnées par la société de colonisation. Bien des fois il lui fallut remonter le courage de ses deux garçons qui la pressaient et la suppliaient d’abandonner un lieu d’ennui et de misère. Mais, toujours pleine d’énergie, dérobant à ses enfants sa douleur et ses larmes, elle les consolait par l’espoir d’un avenir meilleur. Pendant quinze ans elle a pu voir se réaliser petit à petit ce qu’elle promettait à ses garçons dans leurs accès de découragement ; elle a vu se dresser autour d’elle