Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 138 —

Le chemin Kenogami, seule route qui conduise du bassin du lac Saint-Jean aux ports du Saguenay, n’est pas encore complètement fini, quoiqu’il ait été commencé il y a déjà vingt ans. Ainsi, par exemple, il y a des terrassements de plusieurs arpents de longueur à faire dans les endroits où la crue des eaux recouvre la terre chaque printemps et s’élève jusqu’à sept ou huit pieds de hauteur, ce qui rend le chemin impraticable pendant plusieurs semaines et intercepte toute communication ; d’où il résulte que la population tout entière en éprouve un très-grave préjudice.

Ce chemin a été fait graduellement, au fur et à mesure de la marche de la colonisation. Il y a quelques années à peine, il ne dépassait pas le township Ouiatchouane. Les gens de cette partie du pays n’avaient d’autre débouché qu’un sentier à travers le bois. Ils voyageaient en canot d’écorce, par la rivière Ouiatchouane et le Lac. Malgré ces difficultés de communication, les défrichements y étaient fort avancés, il y a douze ans, quoiqu’ils eussent à peine alors quatre années d’existence. On semblait pressentir que la colonisation y marcherait rapidement, et, en effet, la paroisse de Saint Prime, qui date de cette époque, 1868, compte aujourd’hui plus de six cents habitants, et Saint-Félicien, dont l’établissement remonte à cinq ans plus tard, et qui n’est pas encore constitué régulièrement en paroisse, renferme une population d’au moins quatre cents âmes, d’après les dernières statistiques locales.